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temps, la vie est d’une monotonie écœurante. Je me lève, j< i Nais, je viens* je rêve, je me mets en colère, je m’en rcpens,jcne sais si j’aime ou si je déteste l’humanité, variant entre ces deux opinions vingt fois à L’heure : je prie mon Dieu, à moi, qui ne ressemble guère au vôtre ; est-ce que je lis ? — Quelquefois quand vous m’envoyez un bon livre ; je me demande le soir si, —dans ma journée, j’ai été une bonne ou une méchante femme ; je prends de bonnes résolutions que, le lendemain, j’ai trop de peine à tenir ; puis, la journée finie, je m’endors. C’est à recommencer tous les jours, toutes les semaines, etc. ,etc. . . Vous voyez qu’il n’y a là aucun petit coin intéressant pour vous. \on, vraiment, il ne se passe rien de racontable autour de nous. Quoique habitant Bruxelles, vous connaissez Paris mieux que moi, bien sûr. Vous savez ce qui s’y dit. s’y écrit, s’y passe, s’y publie. Vous avez vu notre Exposition de peinture par des yeux meilleurs que les miens. Vous lisez tous les feuilletons qui en parlent, que pourrais— je en dire ? Je n’ai même plus la possibilité d’exercer sur Cabanel ma verve satirique, j’arriverais après About et Saint— Victor, qui ont tout à fait gâté le métier. Ce Saint— Victor, surtout, quel feuilleton de portière !

» D’ailleurs, je ne suis allée au Salon qu’une fois ; il faut vous dire que, depuis le 2 mai, je suis comme qui dirait malade. — Un anthrax, — bénin, dit le médecin. Je le prétends fort méchant ; car, il m’a fait beaucoup souffrir et m’empêche de sortir. J’ai voulu ta ter de la maladie ; j’ai cru que j’allais ramener un peu d’intérêt sur moi. Hélas ! je n’ai point pâli, je n’ai