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CHARLES BAUDELAIRE


Avec l’École des Vieillards,
Il amassa quelques milliards
         De liards,
Oh ! oh ! oh ! oh ! etc.

« Je retrouve ce fragment dans un coin de ma mémoire, où il est plus facile de l’aller chercher que dans le numéro de novembre ou décembre 1838, du Corsaire, où la chanson fut insérée tout au long (sans signature !). »

Non content de se lier avec les jeunes littérateurs de son âge, Baudelaire rechercha dès lors les écrivains célèbres. Parmi ceux qu’il nomme dans les lignes citées plus haut, Gérard, Ourliac et Delatouche n’ont eu sans doute, avec lui, que des relations fugitives, car elles n’ont laissé presque aucune trace dans ses écrits, ni dans la mémoire de ses amis de jeunesse. En revanche, les notes de M. Prarond racontent, avec des détails très caractéristiques, les premiers rapports du jeune poète inconnu et de l’illustre auteur du Père Goriot :

« Baudelaire se présenta, sans intermédiaire, à Balzac. Lui-même me l’a dit, le lendemain de la rencontre. Balzac et Baudelaire s’avançaient en sens contraire, sur un quai de la rive gauche. Beaudelaire s’arrêta devant Balzac et se mit à rire comme s’il le connaissait depuis dix ans. Balzac s’arrêta de son côté et répondit par un large rire, comme devant un ami retrouvé. Et après s’être reconnus d’un coup d’œil et salués, les voici cheminant ensemble, discutant, s’enchantant, ne parvenant pas à s’étonner l’un l’autre. »

Mais, à cette date, le jeune poète ne prétend pas seulement au talent littéraire ; il convoite, avec non moins d’ardeur, l’étrange supériorité du dandysme. Tous ceux qui l’ont connu dans ce temps-là sont una-