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nom par l’âpreté de sa polémique. Laissons encore la parole à M. Le Vavasseur :

« Jetait, qui voulait, dans la boîte du journal, entrefilets, épigrammes et couplets. Nous avions dix-huit ans. Romantiques nous étions, c’était dans le sang, et, après Casimir Bonjour, le Casimir, dont nous faisions le plus volontiers de vieilles culottes, était Casimir Delavigne. Il venait, je crois, de donner aux Français la Popularité. Par quelle anomalie, par quelle inconséquence nous avisâmes-nous d’aller chercher dans Béranger un air pour le chansonner ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que nous lançâmes dans les jambes de l’auteur de La Parisienne une chanson en sept ou huit couplets, sur l’air du Roi d’Yvetot :

Il fut toujours fort bien en cour,
    Même en cour citoyenne.
On dit, le bruit fâcheux en court,
    Qu’il fit la Parisienne.

    j’extrais des notes de M. Le Vavasseur, et qui a bien son intérêt, car elle prouve que Baudelaire, dès sa première jeunesse, témoignait pour Napoléon de cet enthousiasme dont M. Barral notera les protestations éclatantes en 1865, sur le champ de bataille de Waterloo. (Le Petit Bleu de Bruxelles, 21 juin 1906).

    « … C’était en décembre 1840. On ramenait Napoléon aux Invalides… Nous restâmes héroïquement perchés dans une tribune par 12 degrés de froid. Nous vîmes le défilé : « C’est le 1er léger et le 2e léger, etc. » et l’abbé Coquereau, émergeant de la voiture de gala et la dépouille du grand homme dans un char mortuaire argenté sur toutes les coutures, mais nous trouvâmes qu’on avait trop accentué la couleur locale retraite de Russie. Et nous arrivâmes le soir gelés jusqu’au ventre, rue Culture-Sainte-Catherine-des-Marais chez Mme Aupick qui nous réchauffa à son foyer et nous sembla plus aimable que jamais… »