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« C’était un esprit exalté, plein parfois de mysticisme et parfois d’une immoralité et d’un cynisme (en paroles seulement du reste), qui dépassait la mesure ; en un mot c’était un excentrique, transporté d’enthousiasme pour la poésie, récitant des vers de Hugo, Gautier, etc., à tout propos, et pour moi et beaucoup de nos camarades c’était une cervelle à l’envers. »

Pour cette période de la vie de notre poète, à ce témoignage d’un labadens qui désire garder l’anonyme, se joint celui d’un autre camarade, M. Hignard, qui l’a connu au collège de Lyon, « fin et distingué bien plus qu’aucun de ses condisciples », et l’a retrouvé à Paris « changé, attristé, aigri ». Baudelaire, de Louis-le-Grand, envoya une pièce de vers à M. Hignard (1839), — déjà tristes et las :

Tout à l’heure je viens d’entendre[1]

Enfin, M. Emile Deschanel, encore un condisciple, nous fournit d’intéressants renseignements sur des escapades littéraires dont il était le complice[2] :

« Pendant les classes de mathématiques, nous passions le temps à nous écrire des bouts-rimés au courant de la plume.

  1. V. cette pièce dans le Charles Baudelaire, Œuvres posthumes. Une autre pièce :
    Hélas ! qui n’a gémi sur autrui, sur soi-même…
    (V. ibid.) fut remise à M. Hignard, par Baudelaire, vers 1852. Ces deux pièces ont été produites par M. Hignard, doyen honoraire de la Faculté des lettres de Lyon, au cours d’une conférence faite à Cannes, et dont on trouvera le texte dans le Midi Hivernal, nos des 17 et 24 mars 1892.
  2. Journal des Débats, 15 octobre 1864.