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par le jugement. Baudelaire a toujours été convaincu que cet entrefilet accusateur, signé par G. Bourdin ( i , était parti du ministère de l’intérieur. Un jour mémo, à l’école de natation, ayant rencontré Bourdin au café, il fut tenté, me dit-il, de profiter de ce qu’il était nu et lui, Baudelaire, habillé et botté, pour lui administrer une correction… Et il faut avouer que le soupçon de Baudelaire, peut-être exagéré, ne manquait pas de vraisemblance, car le Figaro passait généralement pour être protégé par le ministre et était d’ailleurs foi t capable de rendre de tel services.

La meilleure critique des Misérables a été faite par Baudelaire. « Ali ! disait-il en colère, qu’est-ce que c’est que ces criminels sentimentals, qui ont des remords pour des pièces de quarante sous, qui discutent avec leur conscience pendant des heures, et fondent des prix de vertu :* Est-ce que ces gens-là raisonnent comme les autres hommes ? J’en ferai, moi, un roman où je mettrai en scène un scélérat, mais un vrai scélérat, assassin voleur, incendiaire et corsaire, et qui finira par cette phrase : « Et sous ces ombrages que j’ai plantés, entouré d’une famille qui me vénère, d’enfants qui me chérissent et d’une femme qui m’adore, — je jouis en paix du fruit de tous mes crimes ! »

Nul n’a eu plus que lui de rectitude dans l’esprit. Certes il admirait Victor Hugo. Il en a témoigné publiquement dans maint article, notamment dans Ja notice des Poètes français de E. Grépet.


(i) On en a lu le texte au chapitre III de cet Appendice.