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contrer sur les boulevards, dans les rues, chez Nadar.

Je ne le vis que très rarement de /i6 à ^9 : une fois sur le boulevard, une fois au Louvre, une fois dans un café du quartier latin avec Mùrger, Deroy, Fauchery, etc.. Une autre fois, je l’accompagnai chez Houssaye, ruedeBaune. Il me confessa vers ce tempslà 1 intention de faire du vaudeville : — « Le poète doit tout faire », me dit-il. C’est en i85o, je crois (ou 5i), qu’ayant dit un mot agréable pour lui dans un article, il vint un soir me chercher au divan Lepelletier où je n’étais pas. J’en fus d’autant plus flatté que la chose n’en valait vraiment pas la peine. Je ne me rappelle plus même aujourd’hui ni quel article c’était, ni où il parut. Il me demanda mon adresse et quelques jours après je le vis arriver chez moi.

De là date réellement notre liaison. J’étais alors fort misérable. Je m’en revenais de la rue de Savoie criblé de dettes et presque sans meubles. Ma famille me tenait à la portion moins que congrue. J’habitais au cinquième chez ma mère une affreuse petite chambre, chambre de domestique ou d’ouvrier, sinistre, vide et donnant sur les plombs. Baudelaire y revint, souvent d’abord et plus tard presque quotidiennement. Il était lui-même fort déplumé. J’ignore où il demeurait alors. On le rencontrait, me disait-on, en blouse et nu-tête sur les boulevards extérieurs vers Montmartre. Je le rencontrai moi-même un soir rue des Colonnes, en vareuse, fumant dans une pipe de terre toute neuve. C’était le temps de ses cravates rouges. — Quelque temps auparavant, je l’avais revu chez Nadar avec Malassis que je voyais pour la première fois. La conver