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s’accumule sans cesse ! Pourrai-jc jamais m’acquitter ?

» Mais il y a une chose dont je suis très préoccupée et que je ne sais comment vous dire. Je crains d’être maladroite et de vous déplaire. Voilà : je n’entends rien du tout aux affaires de librairie et d’imprimerie ; mais j’ai toujours entendu dire que l’impression d’un livre était une chose très coûteuse. Vous avez donc dû débourser beaucoup pour ce livre, dont je vais tant jouir ! Car c’est bien moi, sans contredit, à qui il apportera le plus de joie. Je viens donc vous dire que si, par suite de cette impression, vous étiez par hasard dans un moment de gêne, vous me feriez un grand plaisir de me permettre de vous venir en aide, comme je le pourrais. Adressez-vous à moi, comme à votre mère, mon ami.

» Et moi, qui suis dénuée de toute espèce de contentement ici-bas, songez que c’en sera pour moi un bien grand que de vous obliger (î).

» Parlez donc. Si je me suis trompée, n’en parlons plus, et ne m’en voulez pas, moi qui vous aime tant !

» Votre mère et amie. »

u Vous ne m’avez toujours pas dit si je dois écrire à Th. Gautier. Je lui ai écrit beaucoup pendant la publication de ses articles composant sa notice ; mais depuis, rien, craignant de l’ennuyer. Je n’y tiens pas, mais je ne veux pas qu’il ait à se plaindre de moi, qui suis si touchée de tout ce qu’on fait pour la mémoire de mon enfant. »

(î) Tout porte à croire qu’Asselineau n’accepta pas cette offre ; mais M me Aupick, en témoignage de l’affection maternelle qu’elle lui garda jusqu’à sa mort, donna, par testament, à l’ami de son fils, la somme de dix mille francs.