où je les ai scrupuleusement ruminées, je viens vous demander de supprimer la pièce intitulée : Le Reniement de saint Pierre. Comme chrétienne, je ne puis pas, je ne dois pas laisser réimprimer cela. Si mon fils vivait, certes, il n’écrirait pas cela maintenant, ayant eu, depuis quelques années, des sympathies religieuses. Si, de là-haut, il nous voit, s’il assiste à vos efforts, mes amis, à mon désir de perpétuer sa renommée, il ne pourra pas être mécontent de cette suppression, puisqu’il savait combien je l’avais blâmé, dans le temps. Je suis trop malheureuse, j’ai devant moi en perspective une trop cruelle vie, pour ne pas chercher à échapper à un remords, et j’en aurais un, nécessairement, si je laissais imprimer cette pièce. Dans mon malheur, il me faut du moins le contentement de moimême.
» Les deux pièces, qui suivent le Reniement de saint Pierre, ne sont pas très chrétiennes non plus ; mais je ne sais si je me fais illusion, il me semble, à la rigueur, qu’elles peuvent passer pour une débauche d’imagination, pour les divagations d’un poète exaspéré et maleureux, tandis que le Reniement est carrément impie, est une profession de foi. Mon indulgence pour les utres pièces tient peut-être à l’admiration que m’inspirent les Litanies de Satan. C’est une œuvre hors ligne, sous le rapport du talent, de la forme, des vers si harmonieusement cadencés, comme une musique, car on croit chanter en les lisant, peut-être à cause de ce triste refrain, fde] cette complainte lamentable, à tous les trois vers :
Satan, prends pitié de ma longue misère 1