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j’ai changé de langage, peut-être même, à mon insu, d’opinion ; je l’ai toujours stimulé, encouragé, tant que j’ai pu. Mais en avait-il besoin ?

)> À quelques rares défaillances près, je l’ai toujours trouvé fort ; je ne l’ai jamais vu se laisser abattre au milieu de ses plus grands malheurs, car votre ami a été bien malheureux, plus malheureux que vous ne pouvez croire ! La Vénus noire l’a torturé de toutes manières. Oh ! si vous saviez ! Et que d’argent elle lui a dévoré ! Dans ses lettres, j’en ai une masse, je ne vois jamais un mot d’amour. Si elle l’avait aimé, je lui pardonnerais, je l’aimerais peut-être ; mais ce sont des demandes incessantes d’argent. C’est toujours de l’argent qu’il lui faut, et immédiatement. Sa dernière, en avril 18GG, lorsque je partais pour aller soigner mon pauvre fils à Bruxelles, lorsqu’il était sur son lit de douleur et paralysé, et qu’il était dans de si grands embarras d’argent (sic), elle lui écrit pour une somme qu’il faut qu’il lui envoie de suite. Comme il a dû souffrir à cette demande qu’il ne pouvait satisfaire I Tous ces tiraillements ont pu aggraver son mal et pou\ aient même en être la cause.

» Je m’interromps pour lire le 3 e numéro, qui m’arrive, de la notice. Pour le coup, tout y est exact : c’est vrai, parfaitement vrai, d’un bout à l’autre ! Et dans quel beau st> le ! Comme Charles avait bien choisi son maître ! Et comme il faisait bien de marcher sur ses traces !

» Quelle longue lettre vous allez recevoir ! Je suis toute honteuse de m’être laissé aller à vous parler longuement ainsi de mon passé. Soyez indulgent. Je n’ai