plètes autorisées) ? Tel sujet reproché à M. Ch. Baudelaire a été traité par Béranger ; lequel préférez-vous : le poète triste ou le poète gai et effronté, l’horreur dans le mal ou la folâtrerie, le remords ou l’impudence ? (Il ne serait peut-être pas sain d’user, contre mesure, de cet argument.)
Je répète qu’un livre doit être jugé dans son ensemble. À un blasphème j’opposerai des élancements vers le ciel, à une obscénité des fleurs platoniques.
Depuis le commencement de la poésie, tous les volumes de poésie sont ainsi faits. Mais il était impossible de faire autrement un livre destiné à représenter l’agitation de l’esprit dans le mal.
M. le ministre de l’intérieur, furieux d’avoir lu un éloge flatteur de mon livre dans le Moniteur, a pris ses précautions pour que cette mésaventure ne se reproduisît pas.
M. d’Aurevilly (un écrivain absolument catholique, autoritaire et non suspect) portait au Pays, auquel il est attaché, un article sur les Fleurs du mal, et il lui a été répondu qu’une consigne récente défendait de parler de M. Ch. Baudelaire dans le Pays.
Or, il y a quelques jours, j’exprimais à M. le juge d’instruction la crainte que le bruit de la saisie ne glaçât la bonne volonté des personnes qui trouveraient quelque chose de louable dans mon livre. Et M. le juge (Charles Camusat Busscrolles) me répondit : Monsieur, tout le monde a parfaitement le droit de vous défendre dans tous les journaux, sans exception.