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Sa mère ne quittait plus son chevet.

Sur les derniers jours du poète, les renseignements •circonslanciés manquent. Asselineau, dont ces cruels souvenirs déchiraient le cœur, les abrège, autant qu’il le peut, dans son livre.

Le dimanche i er septembre, il annonçait à Poule tMalassis, en quelques lignes, le funèbre dénouement :

u C’est fini. Il est mort hier, à onze heures du matin, après une longue agonie, mais douce et sans souffrance. Il était •d’ailleurs si faible qu’il ne luttait plus. »

Une lettre inédite de M me Aupick à Poulel-Malassis. qui retenu à Bruxelles, n’avait pu assister aux funérailles, contient ce touchant récit de l’agonie de son fils :

« Comme je suis éprouvée ! Me voilà seule au monde sans :plus rien qui me rattache à la vie ? Mon pauvre fils, ce fils que j’idolâtrais n’est plus ! Il a cruellement souffert, dans les derniers temps,, de plusieurs plaies survenues par suite du séjour prolongé au lit, ce qui lui arrachait parfois un cri, quand il fallait le remuer. Cependant il était devenu, dans les derniers temps, très doux et résigné. Les deux derniers jours et les deux —dernières nuits qui ont précédé sa mort ont été très calmes. Il paraissait dormir avec les yeux ouverts, il s’est éteint tout doucement, sans agonie ni souffrances ; je le tenais embrassé depuis une heure, voulant recueillir son dernier soupir : je lui disais mille tendresses, persuadée que, malgré son état de prostration et de mutisme, il devait me comprendre et pouvait me répondre. Aimée, qui était avec moi, me confirmait dans cette pensée. Elle me disait : « Oh ! madame, comme il vous regarde ! Bien sûr, il vous entend, il vous sourit ! » Comment ai je pu résister à un tel coup ? Et je vis ! Il faut croire que Dieu veut m’accorder de jouir, quelque peu de temps, de la belle réputation qu’il laisse, et de sa gloire. Vous perdez un ami