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L’amélioration momentanée , qui était survenue •dans l’état de son fils, faisait illusion à la pauvre mère. Elle était retournée à lion fleur, les médecins ayant reconnu que sa présence, plus contraire que favorable au traitement suivi par le malade, semblait n’avoir d’autre effet que de l’exaspérer : mais elle avait régulièrement de fréquentes nouvelles par Àsselineau, M. Ancelle et le directeur de la maison de santé. Quand celui-ci put lui annoncer que le pauvre aphasique avait prononcé deux mots de suite : « Bonjour, monsieur — bonsoir, monsieur », elle s’abandonna aux plus vives espérances (i). Une autre fois, apprenant que Charles avait paru o lire sans difficulté » un billet quelle lui avait fait tenir, elle écrivit à Asselineau : u Mais s’il lit, le voilà sauvé de l’ennui ! »

En effet, une des formes les plus douloureuses du mal qui le suppliciait, c’était l’oisiveté forcée.

Le mal demeura stationnaire pendant plusieurs mois. En dépit de l’hémiplégie du côté droit, l’intelligence semblait être à peu près intacte. Le 21 janvier 1867, M. Troubat mandait à Poulet-Malassis :


(i) Quelques jours après, elle écrivait à Asselineau : <c Yos petits billets sont toujours reçus avec reconnaissance. Le dernier surtout, de dimanche, m’a bien touchée, puisqu’il m’a apporté un bonjour de Charles, provoqué par vous sans doute, mais qui, dans tous les cas, m’a fait du bien. J’ai eu effectivement une lettre du docteur qui m’apprend qu’il dit non seulement des mots, mais de petites phrases, comme par exemple : la lune est belle. Voilà un grand progrès dont je jouis, comme vous pouvez le croire. »