paroles. Je ne m’en irai pas, je le conserverai comme un tout petit enfant.
» Il n’est pas aliéné comme disent les médecins. Malassis prétend que l’organisation d’un poète est si différente de celle des autres personnes qu’elle peut parfois dérouter les médecins. Quel excellent jeune homme que ce Malassis ! Il pleurait à chaudes larmes. Comme il est bon ! Ce jeune homme doit avoir une belle âme !
» Je ne crois pas qu’il puisse lire, il aurait constamment un livre à la main ; s’il prend un livre, il ne voit plus les caractères et le rejette.
» Quand il me voit, il est ému. Aimée (1) dit qu’il a Vair de se retenir de plaisir… 11 n’est pas méchant. J’ai de l’empire sur lui. Il se calme à mes douces paroles. Jamais de colère avec moi, même pas de bouderie… Il s’est emporté contre moi co matin pour la première fois… Il est très mobile. Il détestait Aimée il y a quinze jours, à présent il est au mieux avec elle. Les nerfs jouent un grand rôle. Après s’être emporté, il a parfois de longs éclats de rire, qui m’effraient… Il est très irrité quand je prends la plume… Il ne se fâche jamais sans motif.
» Il montre avec dégoût quelque chose dans le coin de la chambre. On lui apporte tout. Il montre toujours, colère terrible. On lui apporte du linge sale qui était sous un lit. Il se calme. Soins de propreté excessive.
» On a employé l’électricité avec succès, mais, craignant l’excitation et les violences, on a cessé.
» Il écoute avec attention, il rit, il se moque, il fait si bien comprendre sa pensée, il y a toujours tant d’esprit et de viva cabinet. Je lui tiens la conversation la plus égayante que je puis. Et je le ramène sans qu’il ait témoigné autre chose que le plaisir de vivre et du contentement, levant de temps en temps les yeux au ciel avec une expression de résignation, après un vain effort pour parler » (7 juin 1866). (1) La servante de M me Aupick.