avant l’air d’un Français ». Il avait donc accepté avec joie l’invitation. Il connaissait déjà Namur (i), mais il fut heureux de l’occasion de revoir l’église SaintLoup, qu’il considérait comme « le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre des Jésuites » ; — il compare, dans une note, « cette merveille sinistre et galante à l’intérieur d’un catafalque, — terrible et délicieux, — brodé de noir, de rose et d’argent ».
Comme il admirait et faisait admirer à PouletMalassis et à M. Rops, qui l’accompagnaient, les confessionnaux sculptés avec la plus riche profusion, il chancela, pris d’un étourdissement subit, et alla s’abattre sur une marche. Ses amis le relevèrent ; il ne parut pas s’effrayer et prétendit que le pied lui avait glissé. On feignit de le croire ; mais le lendemain matin, en se levant, il donna des signes de trouble mental . On le ramena en hâte à Bruxelles : à peine monté dans le wagon, il pria qu’on ouvrît la portière ; or, elle était ouverte. Il avait dit le contraire de ce qu’il voulait dire. L’aphasie, dont il fallait voir là un indéniable prodrome, ne tarda pas à se déclarer.
Le mal prit rapidement le caractère le plus grave. Le I er avril, Poulet-Malassis écrivit à Charles Asselineau pour lui faire part de ses inquiétudes (2). Les journaux de Paris commencèrent à parler de la santé de Baudelaire, certains même n’hésitant pas à imprimer que le poète des Fleurs du mal agonisait à l’hôpital (3).
(1) Voir dans la Belgique vraie, Namur.
(2) Dans sa Vie de Baudelaire, Asselineau a résumé cette lettre en quelques lignes.
(3) M. Félicien Rops protesta aussitôt contre cette