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éther, valériane, eau de Vichy). Mais, selon moi, tout cela ne serait pas suffisant. N’écrivez rien de toute cette aventure à ma mère. »

Touchante recommandation qui peint bien la sensibilité vraie de ce cœur qu’on a souvent accusé de dure lé et d’égoïsme. Au milieu de tous ses embarras et de toutes ses inquiétudes sur sa santé, son principal souci est de ne pas affliger sa mère par de mauvaises nouvelles.

Huit jours plus tard, une de ces phases d’un mieux trompeur, qui surviennent dans les plus graves maladies, ne lui fait pas illusion sur son véritable état :

(29 janvier 1866). « Mes crises, vertiges, convulsions, sont devenus plus rares ; mais excepté quand je suis couché sur le clos, je ne suis pas solide. Le médecin, me croyant peut-être guéri, ne vient plus, et je n’ose plus faire payer les médicaments par V hôtel. »

Trois semaines se passent. M. Ancelle annonce qu’il n’a pas été plus heureux que M. Julien Lemer : ses pourparlers ont avorté, Baudelaire refuse d’accepter l’évidence, dresse d’autres plans, écrit à son ami coup sur coup, en deux jours, trois lettres où il développe de nouvelles combinaisons dont il s’obstine à espérer le succès. On ne peut assez admirer l’énergie, le sangfroid qu’il s’efforce de garder dans ces cruelles épreuves. Mais ses nerfs épuisés, dont l’expérience lui a déjà arraché ce cri déchirant de détresse : « À Honfleur ! Je plus tôt possible, avant de tomber plus bas ! (1) » vont échapper au contrôle de sa volonté impuissante :

(1) Mon c<ear mis à nu, LXXIII.