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poésie qui ne l’est pas. Qu’est-ce que c’est que celle-là, qui n’est pas basée sur la fantaisie de l’artiste, du poète, c’est-à-dire sur sa manière de sentir ?

» À propos du sentiment, du cœur, et autres saloperies fémimines, souvenez-vous du mot profond de Leconte de Lisle. « Tous les élégiaques sont des canailles. »

» Assez, n’est-ce pas ! Et vous me pardonnez ma diatribe. Ne me privez pas du seul ami à qui je puisse dire des injures. Mais comprend-on une pareille idée ? Aller à une conférence de Deschanel !

» Vos lignes sur ce joli pédant m’ont mis en fureur. Songez donc qu’en général, l’erreur me cause des crises nerveuses, excepté quand je cultive volontairement la sottise, comme j’ai fait, pendant vingt ans, pour le Siècle, pour en extraire la quintessence.

» Excepté Chateaubriand, Balzac, Stendhal, Mérimée, de Vigny, Flaubert, Banville, Gautier, Leconte de Lisle, toute la racaille moderne me fait horreur, vos académiciens, horreur, vos libéraux, horreur, la vertu, horreur, le vice, horreur, le style coulant, horreur, le progrès, horreur. Ne me parlez jamais des diseurs de riens. »