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Mais, de quelque façon qu’il leur présente l’affaire, ou la leur fasse présenter, — Sainte-Beuve et son secrétaire, fidqs Troubates, comme l’appelle Baudelaire, se sont entremis (1), les éditeurs n’en veulent pas, ou font des propositions inacceptables. Baudelaire montre un étonnement légitime de leur aveuglement, et il énumère les raisons qui auraient dû leur donner plus de confiance dans les avantages du marché qu’il propose :

« — Les Paradis ont eu un très grand succès littéraire. Peu de livres ont obtenu autant de comptes-rendus. La dégringolade de Malassis, seule, a empêché la diffusion et le succès d’argent. Les Contemporains sont absolument inconnus. Plusieurs fragments ont paru, mais dans des journaux inconnus, arcld-ignorés. — Les Fleurs du mal, livre oublié ! Ceci est trop bête. On les demande toujours. On commencera peut-être à les comprendre dans quelques années. » (Janvier 1866.)

Lassé, exaspéré de ces démarches qui devaient durer près de deux années, le poète entre en défiance, sinon de son talent, du moins de la fortune et de sa personne.

Il y a un an déjà que, cédant à son douloureux

(1) « Mon cher Troubat, je suis, je vous l’assure, très sensible à la preuve d’amitié que vous me donnez ce matin. Vous savez que je ne suis pas un enfant gâté de la vie. » (19 février 1866.)

Dans le même billet, Baudelaire écrit : u Je suis assez content de mon Spleen. En somme, c’est encore les Fleurs du mal, mais avec beaucoup plus de liberté de détail et de raillerie. » Mais, le 5 mars suivant il conclut un peu différemment : « Ah î ce Spleen, quelles colères et quel labeur il m’a causés ! Et je reste mécontent de certaines parties. »