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< ?tait clair et la parole libre et sonore. 11 accusa pourtant quelques dérangements au commencement de la saison : étourdissements, douleurs de tête ; mais comme il ne parlait qu’au passé et que, d’ailleurs, il me parut en bon point, je le crus guéri, et je mis les alarmes sur le compte des pessimistes. Nous passâmes toute une demi-journée ensemble avec Théodore de Banville, son plus ancien ami. » (Vie de Baudelaire.)

Ce jour, conclut Asselineau, est le dernier où les amis de Baudelaire l’aient possédé tout entier.

M me Aupick avait confessé son fils, puis, spontanément, elle lui avait offert de payer sa dette la plus pressante (i). Baudelaire reprit, sitôt de retour à Bruxelles, les négociations entamées avec les éditeurs.

Pressentis pour une vente « ferme » , ceux-ci avaient refusé. Baudelaire, fort judicieusement, accepta le principe d’une rémunération proportionnelle au nombre d’exemplaires vendus :

« Personne ne consentirait à me donner une somme assez forte pour l’exploitation, pendant toute ma vie et les trente ans qui suivront ma mort, de ces cinq volumes. Puisque je n’ai aucune fortune, il faut que mes livres me fassent une petite rente, et j’aimerais mieux, croyant franchement au succès, recevoir une série indéterminée de petites sommes. »

Cette concession ne suffit pas pourtant. Alors le poète admet de diviser ses œuvres pour en placer les tomes chez divers libraires :

« Il me faut un éditeur pour la collection de mes articles variétés, trois volumes, un éditeur pour les Fleurs du mal très augmentées, et le Spleen de Paris (poèmes en prose) (je fais les dernières pages), deux volumes, et un éditeur pour la Belgique déshabillée, un volume. »

(i) Lettre à Ancelle, 8 juillet i8G5.