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d’un excellent Pomard et de paradoxes étincelants i . Mais, dès le début de i865, son esprit si enclin à la mélancolie, s’assombrit de plus en plus. Malgré les instances affectueuses de quelques fidèles, de M mC Victor Hugo notamment, chez qui « son couvert est touours mis ’ i , il s’enferme dans sa chambre d’hôtel,


(i) M. Barrai nous a conserve le menu d’un déjeuner cpie lui offrit Baudelaire : « Omelette au sang de lièvre et aux champignons, cailles rôties à la casserolle sur canapé bardé de feuilles de vigne, pommes sautées au beurre des Flandres ; roquefort, poires, raisin. Gomme vin, du Corton ; comme liqueur, du cognac… et un délicieux moka.»

Ce menu recherché — et onéreux — s’accorde mal avec les bien maigres ressources dont Baudelaire disposait à cette époque, et peut-être le lecteur serait-il porté à penser que M. Barrai a été quelque peu ébloui par le mirage de ses anciens et chers souvenirs… Il convient d’observer cependant que Baudelaire fut toujours fort gourmand. N’envoyait-il pas à Sainte-Beuve du pain d’épices, «incrusté d’angélique » (1860, lettre non datée), et ne recommande —tr il pas à Alfred de Vigny, en 1862, alors que se meurt d’un cancer à l’estomac, celui-ci « une espèce de confiture de viande au vin ? »

(2) L’empressement que la famille Hugo témoigna à Baudelaire durant son séjour à Bruxelles, nous est attesté par un billet de Glatigny à Asselineau, et par une lettre que M. Alfred Stevens a bien voulu nous écrire : c Bien qu’approchant elle-même de sa fin, elle (M mo Hugo) ne cessait de porter à notre cher poète un intérêt touchant, maternel même. » Enfin nous avons mieux encore : un billet de M me Adèle Hugo s’informant avec sollicitude de la santé de Baudelaire et le pressant de venir s’asseoir à sa table. (V. à V Appendice, X).

Mais les idées humanitaires étaient fort en honneur à cette époque chez M" Hugo, et l’on sait l’horreur