Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

gnait d’abuser de son autorité, dans ses dernières années, de peur de me laisser un souvenir amer. — Gela serre le cœur… »

Baudelaire avait deviné juste. Une lettre de M ,m Aupick à M. Ancelle la montre désolée des échecs de son fils, mais ne voulant pas aggraver, par ses reproches ou par ses plaintes, le chagrin dont tant de déceptions abreuvaient le pauvre poète (i).

Le guignon constant qui le poursuivait, lui avait fait choisir, pour refuge, le pays du monde qui devait blesser le plus vivement sa foi de catholique, ses doc (1) «… Je devrais m’accoutumcr à cette vie si bizarre, et en dehors de toutes les idées reçues, et me résigner. Mais je ne le puis, m’attachant sottement, avec acharnement, à cette pensée qu’il me faut absolument, avant ma mort, un peu de contentement par lui. Et voilà que cela presse, je deviens bien vieille et assez faible. Il lui reste bien peu de temps pour ce contentement auquel j’aspire. Je ne l’aurai jamais. J’aurais pu me consoler dans de grands succès littéraires (trouvant en lui l’étoffe qu’il fallait pour cela), mais là encore, de cruelles déceptions (Charles ayant adopté un genre bizarre et absurde comme lui, qui lui fait peu de partisans) ! Il est vrai qu’il a pour lui son originalité, c’est quelque chose. Il n’écrira jamais rien de banal ! Il n’empruntera jamais les idées des autres, tant il est riche de son propre fonds.

a Je vous dirai qu’il voudrait vous voir attacher plus d’importance (ceci entre nous) à ses affaires littéraires : il prétend que tout en marchant lentement, et même mal, elles marchent néanmoins un peu. » (Lettre à M. Ancelle, i4 novembre 186/j.)

Rien de plus humain ni de plus touchant que ces plaintes maternelles, qui se terminent par un orgueilleux éloge des beaux côtés de ce lils dont elle vient de déplorer les défauts.