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Mais les mécomptes ne se firent guère attendre. Le 27 mai, il écrit à M. Ancelle :

« Je n’ai pas encore attaqué la grande affaire ; mais je doulo •de tout. Jugez vous-même si je n’en ai pas le droit. Après cinq conférences (grand succès), j’ai désiré régler. Au lieu de 5oo francs, on m’a apporté too francs avec une lettre d’excuses alléguant que, les fonds étant épuisés, on avait compté deux séances seulement à 5o francs, et que pour les trois dernières, comme elles avaient été données après l’époque où s’arrête la saison des cours publics, on les avait considérées comme un acte de générosité de ma part. Quel peuple ! Quel monde ! Je n’avais pas de traité écrit. J’avais traité verbalement pour ioo francs par conférence. J’ai eu envie de faire don des 100 francs aux pauvres. Quel horrible monde (i) !

qu’il a bien voulu nous permettre d’emprunter jà sa Vie belge (E. Fasquelle, éd., iqo5).

Elles constituent un témoignage fort intéressant à divers titres, indépendamment de la légitime autorité qu’elles empruntent au nom de leur auteur. Notamment «lies nous rappellent — et ce n’est certes pas M. Camille Lemonnier qu’on pourrait suspecter de partialité sur ce point, — l’indifférence absolue où la Belgique de 1860 tenait les choses de l’esprit ; puis, outre qu’on y trouve un très pittoresque portrait de Baudelaire orateur, elles nous donnent à entendre que le poète des Fleurs du mal aurait bien pu se tromper du tout au tout sur le « grand succès )) de ses nouvelles tentatives.

(i) Après ces cruels mécomptes, Baudelaire cessa tous rapports avec le Cercle des Arts ; mais en juin io65, il donna encore une « petite soirée littéraire d’un caractère tout à fait privé » dans les salons de M. Prospcr Crabbc, auprès duquel ses travaux de critique picturale lui avaient valu un accueil tout particulier.

À l’occasion de la vente de la collection Crabbe, le (jil Bios (i 4 juin 1890) a produit quelques extraits d’un