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me parla d’une fille à qui il avait demandé, sans se nommer, si elle connaissait ses œuvres. Elle répondit qu’elle ne connaissait que Musset ! Vous voyez la colère de Baudelaire (i). »

Ce poète qui avait tout aime de Paris, non seulement ses verrues, comme Montaigne, mais ses plaies, finit par le prendre en dégoût. Il voulut s’expatrier (2).

(1) Cf. Le monument de Baudelaire, par Jules Claretie (Journal, 4 septembre 1901).

« … Et alors, assis tout seul devant quelque table ronde, dans un coin, remplaçant le haschich par le houblon, il regardait passer, au son de quelque valse de Métra ou de quelque quadrille d’Offenbach, le défilé macabre des viveurs aux yeux troubles et des jolies filles aux pommettes rosées par la phtisie.

» — Qu’est-ce que vous faites-la, Baudelaire, lui demandait ce petit abbé de Charles Monselet, qui entrait au Casino Cadet comme Bernis à Trianon.

» — Mon cher ami, je regarde passer des tètes de mort ! »

Remarquons que la plupart des dessins que Baudelaire laissa, représentaient des scènes macabres :1a mort chevauchant à travers les camps ; la mort en parure caquetant, pipe en bouche, avec les vivants ; la mort saisissant une épée, etc., etc. Le plus grand nombre se réclamaient delà gravure allemande, plusieurs signées Alfred Rethel.

(2) Suivant M. Georges Barral, les motifs qui déterminèrent Baudelaire à s’exiler, furent d’ordres divers :

» — Alors, pourquoi êtes-vous venu ?

» —Est-ce que je sais ? je suis venu pour trouver lapaix, le moyen de travailler, pour échapper aux tracas de la vie de Paris, aux poursuites d’une femme insatiable. Ah ! ne tombe jamais dans les griffes féminines. Et puis, je suis malade, malade. J’ai un tempérament exécrable, par la faute de mes parents. Je m’effiloche à cause d’eux. Voilà ce que c’est que d’être l’enfant d’une mère de 27 ans et