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Avant do poser sa candidature, Baudelaire avait voulu consulter Sainte-Beuve, comme il faisait dans toutes les circonstances graves de sa vie littéraire, et son ami avait cherché à le dissuader d’une tentative qui ne pouvait aboutir qu’à un échec. Mais le poète s’obstina. En homme qui avouait tirer un de ses plus grands plaisirs de la sottise d’ autrui, il se divertit fort de l’acharnement de ses détracteurs et de l’hostilité que sa candidature soulevait déjà parmi ceux dont il allait solliciter les voix. ’

Il écrivit à un ami ce billet, dont la date est inconnue comme le nom du destinataire :

« Le bruit m’est revenu que ma candidature étant un outrage à l’Académie, plusieurs de ces messieurs ont décidé qu’ils ne seraient pas visibles pour moi ? Mais c’est trop fantastique pour être possible (i). »

rédacteurs. On lit, dans le numéro de février 1862, cette boutade anonyme, mais où se reconnaît le ton gouailleur de Poulet Malassis : « La petite presse ne se montre, pas plus que M. Villemain, sympathique à l’auteur des Fleurs du mal ; mais son opposition prend son point de départ dans un ordre d’observations étrangères à la littérature.

« 11 appert de faits non contestés que M. Baudelaire, comparé couramment au mancenilier, inspire aux marchands de vin l’idée du suicide, je ! te des sorts dans les compagnies où il fréquente, et fait, pour les Kevues où il passe, comme la cavale d’Attila faisait sécher l’herbe.

« Non seulement tout cela est vrai, mais encore (les auteurs de ces articles n’ont qu’à se bien tenir) M. Baudelaire est de première force dans la pratique de l’envoùtage… et noue supérieurement l’aiguillette. »

(1) Billet cité dans l’Annuaire de la Société des Amis des livres, i883.