Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

ses ana reconnaît avoir été constamment le motif des œuvres et des actions de son ami. Mais nul doute qu’il n’y vit aussi, outre un moyen d’affirmer publiquement la conscience qu’il avait de son talent, l’occasion de plaider, aux portes de l’Académie, la cause de la poésie trop souvent econduite.

« Vous me comprendrez facilement, écrit-il a Arsène Houssave en le priant d’annoncer « cette candidature inouïe », si je vous dis qu’étant personnellement sans espérances, j’ai pris plaisir à me faire bouc pour tous les infortunés hommesde lettres(i).»

Et encore, à Flaubert qui, tout en lui envoyant une lettre d’introduction auprès de Sandeau, s’étonne d’un acte si contraire au caractère indépendant de son ami :

« Comment navez-vous pas deviné que Baudelaire, ça voulait dire Auguste Barbier, Théophile Gautier, Banville, Flaubert, Leconte de Lisle, c’est-à dire littérature pure (2) ? »

À peine annoncée, cette résolution fit grand tapage. Ceux de ses confrères qui se piquaient de respectabilité s’étonnèrent qu’un auteur « flétri par les tribunaux », selon le mot de l’un d’eux, osât briguer l’honneur d’être admis dans l’honorable compagnie. D’autre part, la petite presse railla fort le camarade qui, désertant le camp des irréguliers, passait si effrontément à l’ennemi .’) .

(1) Lettre non datée.

(2) 3i janvier 186 :2. V. à Y Appendice, X, les lettres de Flaubert. Baudelaire s’était aussi adressé à Asselincau pour lui demander de le servir auprès d’Emile Augier et de Ponsard (1861, lettre non datée.)

(3) Ces attaques furent relevées dans la Revue anecdotiqae, qui défendait la candidature du plus célèbre de ses