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Mais son principal travail, pendant ces dernières années de production active, fut de continuer deux séries d’œuvres déjà commencées, sa traduction d’Edgar Poe et les Poèmes en prose.

Après avoir choisi, au début, dans les nouvelles du grand romancier américain, celles qui lui avaient paru les plus belles, il fit connaître successivement au public français la Genèse d’un poème, Eurêka (i864), Histoires grotesques et sérieuses (i865).

Entre temps, il publiait encore (i86i-i86/j), quelques poésies nouvelles, dont notamment Madrigal triste et la Plainte d’un Icare.

Au mois de décembre 1861, Baudelaire se porta candidat à l’un des deux fauteuils de l’Académie française, qui se trouvaient vacants alors.

On peut conjecturer avec vraisemblance que sa résolution lui fut principalement suggérée par ce désir d’étonner les autres et lui-même, qu’Asselineau, dans

travail de critique où il a le mieux montré la sûreté de son jugement dans les questions littéraires. Baudelaire avait, non sans raison, une très grande confiance dans sa sagacité de critique. À l’occasion de son étude sur Daumier, il écrivait à M. Martinet, directeur du Courrier artistique, qui lui exprimait le regret de ne pouvoir, par crainte de la censure officielle, publier intégralement le manuscrit : « Croyez que j’ai pour vous un sincère dévouement, mais je ne peux pas me soumettre à des circonstances. J’ai pris l’habitude, depuis mon enfance, de me considérer comme infaillible. » Asselineau a constaté, chez son ami, le même trait de caractère. V. à Y Appendice son Recueil d’Anecdotes.