Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/163

Cette page n’a pas encore été corrigée

Enfin il s’était flatté, de longues années, de tirer des ressources importantes du théâtre (i) : on a trouvé,

L’aquafortiste Méryon, par son talent comme par son malheur, mérite d’être placé au premier rang des grands artistes que Baudelaire signala, — je dirais volontiers : dénonça — à l’ignorance et à l’indifférence de la foule. Mais Baudelaire ne se contenta pas de lui rendre justice dans Peintres et Aquafortistes et dans le Salon de 1859, il s’ingénia encore à lui faire acheter, par le ministère, des exemplaires de ses Vues de Paris, — et il y réussit.

Ces traits de générosité ne sont point rares dans la vie de Baudelaire d’ailleurs. On sait avec quelle chaleur il prit puhliquement la défense de Daumier, alors traité en sauvage ; de Delacroix, si fort attaqué ; de Manct, conspué ; de Wagner, insulté ; de tant d’autres encore, morts ou vivants, amis ou inconnus. « Que de journées il a perdues, écrit Asselineau, — perdues pour le travail, — à placer la copie d’un ami, à le conduire chez un éditeur ou chez un directeur de théâtre ! Le pauvre Barbara le savait ; Barbara qu’il avait adopté à cause de son bumeur rétive, et qu’il aimait pour sa persévérance et son honnêteté laborieuse. »

En i865, dans l’exil, déjà en proie aux affres du mal qui l’emportera, alors qu’il ne travaille plus qu’avec une difficulté souvent extrême, il n’hésite pas à quitter ses manuscrits en cours et à secouer ses préoccupations de but ordre, pour venger, au risque de se faire un ennemi du « prince des critiques », Byron et Heine que Jules Janin a cruellement maltraités dans son feuilleton de V Indépendance belge. (V. dans Œuvres Posthumes, Lettre à fuies Janin et encore Une lettre de Baudelaire à Jules Janin, Gil Blas, ’\ lévrier 1906, sous notre signature),

(1) Mentionnons que, selon M. Cousin, Baudelaire aurait eu, vers 1848, l’idée d’écrire des vaudevilles, et que, selon M. Philippe Berthclot, il aurait lu à Louis Ménard un drame : Masaniello « qui ne parut jamais ».