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faillit si brutalement à ses promesses, on aurait chance de découvrir l’âme vraie d’un des hommes les plus captivants et les plus déconcertants des temps modernes.

Le lecteur trouvera dans les Lettres le texte complet des billets que Baudelaire adressa à Mme  Sabatier [1], et qu’accompagnait régulièrement l’envoi d’une pièce de vers [2]. Il est difficile d’en concevoir de plus respectueux, de plus idolâtres, de plus touchants, et, disons-le, de plus naïfs. Baudelaire y montre les timidités d’un collégien et les mystiques enivrements du catéchumène qui entrevoit la vraie foi. Qu’a-t-il fait de ses préventions contre la femme et contre l’amour ? Il a si peur d’effaroucher son idole ou de lui paraître ridicule qu’il déguise son écriture ; il ne demande rien, n’espère rien ; il se défend de vou-

  1. Ces billets ont été publiés pour la première fois, partie par M. Maurice Tourneux (le Livre moderne, novembre 91), avec de fort instructifs commentaires ; partie par nous (Journal, 3 mars 1902) ; partie par M. Féli Gautier (Mercure de France, 15 mars 1902).
  2. Le 1er billet contenait Réversibilité ; le 2e Confession ; le 3e le Flambeau vivant ; le 4e Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire ; le 5e Hymne.

    Le 6e, — le premier que Baudelaire ait signé, — nous fournit cette précieuse indication : « Tous les vers compris entre la page 84 et la page 105 vous appartiennent » (18 août 1857). La date de ce billet indique assez que les nombres de la pagination sont empruntés à la première édition. Le « cycle de Mme  Sabatier » contient donc, outre les pièces déjà citées : l’Aube spirituelle, Harmonie du soir, le Flacon, Tout entière, À celle qui est trop gaie (v. pour cette dernière pièce, Œuvres Posthumes).