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lendemain de son apparition (i), devait attirer l’attention du parquet qui, pour contre-balancer l’effet produit sur le public par ses rigoureuses poursuites contre la presse politique, déployait un zèle outré dans la répression de toute attaque réelle ou apparente à la morale et aux bonnes mœurs. Baudelaire fut donc assimilé aux chansonniers obscènes et traduit en police correctionnelle ainsi que ses imprimeurs et éditeurs. C’était la première fois, depuis la Restauration, qu’un volume de vers, ayant un caractère hautement littéraire, était poursuivi par la justice ; encore peut-on dire que si Béranger fut accusé et condamné, c’est qu’on voulait frapper en lui non le poète, mais l’adversaire politique.

Les amis du poète témoignèrent particulièrement, en cette circonstance, de la sincérité de leur dévouement. L’Edition définitive, a donné à l’appendice du tome I, — on les y a lues certainement, — les belles pages dont la critique indépendante avait salué l’éclosion des Fleurs du mal, et que Baudelaire réunit en 1857, dans une brochure, sous la forme d’un mémoire à ses juges. De ces quatre articles, deux seulement, ceux d’Edouard Thierry et de F. Dulamon, avaient pu paraître ; les deux autres étaient « restés sur le marbre » au Pays et à la Revue française. Barbey d’Aurevilly et Ch. Wclinoau, leurs signataires, s’efforçaient à vaincre la timidité de Jouis directeurs respectifs, prêts à pro (1) On trouvera à I’Appendice 111, 1, l’article du Figaro qui, selon une lettre de Baudelaire à Malassis, aurait déterminé les poursuites.