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L’impression du volume avança très lentement et non sans soulever de fréquentes querelles entre l’auteur et l’éditeur ; les lettres de Baudelaire en contiennent de nombreuses traces. Toutefois, leur amitié sortit intacte de ces brouilles passagères (ï).

Les épreuves conservées par Poulet-Malassis ne contiennent qu’un petit nombre de variantes, car le texte du manuscrit, que le poète livrait à l’impression, était arrêté depuis longtemps. La dédicace à Théophile Gautier est le seul passage important qui ait subi plusieurs rédactions.


(ï) Nous n’avons pas la contre-partie de cette correspondance, les lettres de Poulet Malassis ; mais l’exemplaire d’épreuves des Fleurs du mal, qu’il avait conservé et que nous a communiqué M. Parran, porte, sur un feuillet de garde, cette curieuse note, écrite par PouletMalassis : « On trouvera, dans ma bibliothèque, un exemplaire d’épreuves des Fleurs du mal, qui fera connaître le désir de perfection et les scrupules de l’auteur, et donnera une bonne idée de la patience de l’imprimeur. » Toutefois, sur une épreuve, on lit ces lignes de la même main : « Je crois de plus en plus, mon cher Baudelaire, que vous vous f… de moi, ce que je n’ai mérité en aucune façon. » D’autre part, les nombreux passades des lettres et des épreuves où le poète relève, avec colère et sarcasmes, des négligences de toute sorte et de grossières fautes d’impression, démontrent qu’il était en droit d’incriminer Timpéritie des compositeurs et des correcteurs, parfois même l’incurie de l’imprimeur luimême. Baudelaire attachait avec raison la plus grande importance à la pureté de son texte. Asselineau a donné sur ce point de minutieux et intéressants détails. (Vie de Baudelaire, p. 5o-52.)