vreté, ne l’a jamais empêché de vaquer à ses travaux littéraires.
La publication de ses diverses traductions d’Edgar Poe se poursuivit pendant dix-sept ans. Baudelaire, dans son ardeur enthousiaste, reniait ses goûts les plus invétérés, son amour de la flânerie et de la conversation, « le grand, l’unique plaisir d’un être spirituel » :
« Cette année-là (il s’agit ici des Contes extraordinaires parus, au Pays en 1855, et, détail qui a bien sa curiosité, qu’on lui payait à raison de 20 francs le feuilleton), Baudelaire résolut le dur problème d’écrire un feuilleton par jour. Le feuilleton, il est vrai, n’avait que six colonnes. La tâche, cependant, n’en était pas moins dure, si l’on songe à la différence d’une traduction parlée ou rêvée, et d’une traduction écrite, et aussi à la ponctualité exigée par le journal. Baudelaire soutint vaillamment la gageure qu’il avait faite avec lui-même. Pour s’épargner le temps d’ouvrir la porte, ou l’ennui des malentendus, il laissait la clef dans la serrure, et recevait tout en travaillant les visites de gens quelquefois très importuns et très indiscrets, qu’il ne se donnait pas même la peine de congédier, et qui ne se retiraient que vaincus par son silence et sa distraction, ou agacés par le bruit de la plume courant sur le papier. Souvent, en l’allant voir le soir, un peu tard, j’ai trouvé endormi dans un coin le garçon d’imprimerie chargé de rapporter, soit la copie, soit les épreuves que Baudelaire lui faisait quelquefois attendre longtemps. »
Asselineau nous conte encore que pendant l’impression du second volume des Histoires Extraordinaires, son ami alla se loger pendant un mois à Corbeil, pour être plus à portée de l’imprimerie Creté, où se composait le livre, et dont les ouvriers ont dû garder le souvenir de son séjour.
« Dans les imprimeries où l’on emploie les femmes à la com-