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Mais il fut, à cette époque, enlevé à ses travaux de critique et même à ses compositions poétiques par sa violente passion littéraire pour Edgar Poe, — passion qui devait remplir tout le reste de sa vie.

Dès 1846, il avait lu les premières traductions des nouvelles du conteur américain, à mesure qu’elles paraissaient dans des journaux français [1], et il avait été

    dication du journal où elle parut pour la première fois. Elle a été reprise, en 1867, dans le numéro du Présent du 1er  septembre, avec des augmentations et sous ce nouveau titre : de l’essence du rire et du comique dans les arts plastiques. Elle figure dans les Œuvres complètes, t. II.

  1. J’emprunte au très intéressant Memoir de John-H. Ingram, placé en tête d’une excellente édition de The Works of Edgar Allan Poe donnée par Adam and Charles Black, Edinburgh, 1874, des détails, soit inconnus, soit oubliés du public français, sur la façon dont ces œuvres ont été, dans le principe, introduites en France : « En avril 1841, Edgar Poe publia dans le Graham’s magazine le conte : Les Meurtres de la rue Morgue… Cette nouvelle fut la première qui présenta son nom au public français. Elle fut traduite et publiée par Le Commerce comme une œuvre originale, sous ce titre : l’Orang-Outang. Traduit de nouveau dans la Quotidienne, ce conte devint l’objet d’un procès qui fit découvrir la vérité. Une dame Meunier s’autorisa de l’intérêt qu’avait excité ce procès pour donner à des journaux français quelques traductions des contes de Poe pendant que la Revue des Deux-Mondes, la Revue Française et autres publications influentes parlaient, dans des termes hautement flatteurs, des productions du jeune auteur étranger. C’est ainsi que sa réputation prit l’essor en France et atteignit au point culminant, grâce aux traductions si fidèlement ressemblantes de Baude-