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VII



« Charles Baudelaire, jeune poète nerveux, bilieux, irritable et irritant, et souvent complètement désagréable dans sa vie privée. Très réaliste sous des allures paradoxales, il a dans sa forme tout le style et la sévérité antiques, et des quelques rares esprits qui marchent par ces temps dans la solitude du moi, il est, je pense, le meilleur et le plus sûr de sa route.

« Très difficile à éditer d’ailleurs, parce qu’il appelle dans ses vers le bon Dieu imbécile, Baudelaire a publié sur le Salon de 1846 un livre aussi remarquable que les articles les mieux réussis de Diderot… »

L’appréciation de l’homme, par laquelle s’ouvre cet articulet paru au Journal pour rire, en 1852, témoigne que le jugement porté sur l’écrivain n’était point le fait d’une complaisance amicale et conséquemment que la réputation de Baudelaire se trouvait, dès cette date en passe de pénétrer dans le grand public.

Détaché de la politique par le coup d’Etat, Baudelaire retourna d’abord au journalisme, mais en se bornant à la littérature, où le nouveau régime confinait d’ailleurs tous les écrivains d’un esprit et d’un caractère indépendants.

On le voit, par une lettre à Poulet-Malassis, en date du 20 mars 1852, donner deux pièces déversa une feuille intitulée la Semaine théâtrale, que publiait