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Vers cette époque, pourtant, Baudelaire paraît avoir eu la velléité de rentrer dans le journalisme politique. Un de ses amis, Arthur Ponroy, lui proposa de collaborer à un journal quotidien que son père, avoué dans l’Indre, voulait fonder à Châteauroux pour la défense des intérêts conservateurs. Un spirituel article du Figaro (n° du 19 janvier 1887), signé Simon Brugal, pseudonyme d’un écrivain de talent [1], qui a connu Baudelaire et qu’il faut croire parfaitement renseigné, a raconté cette étrange et amusante incar-

    33), quelques passages très caractéristiques de la préface écrite par son ami pour les Chansons de Pierre Dupont. Il y a là un accent attendri, un amour des souffrants et des déshérités, dont on retrouve d’ailleurs, çà et là, quelques exemples dans le reste de son œuvre. (Voir notamment le poème en prose, Les Yeux des pauvres.)

  1. M. Firmin Boissin (Simon Brugal), a bien voulu m ’écrire :
      « J’ai peu connu l’auteur des Fleurs du mal. Cependant je me suis rencontré trois ou quatre fois avec lui, en compagnie de Barbey d’Aurevilly qui m’honorait de son amitié. J’ai même souvenance d’une conversation bien étonnante qui eut lieu entre ces deux écrivains de génie sur le dogme de l’Immaculée-Conception. C’était à se demander si, dans leur jeunesse, ils n’avaient pas, l’un et l’autre, fait des études théologiques dans quelque séminaire.
      « Quant à l’épisode de Baudelaire, journaliste à Châteauroux, les détails m’en furent racontés par M. Arthur Ponroy au café Tabourey, près de l’Odéon, en présence de deux témoins malheureusement morts aujourd’hui : feu Edouard Fournier, et un de mes meilleurs amis, Constant Thérion, celui-là même qui a fourni à Alphonse Daudet un de ses héros des Rois en exil, le précepteur du petit roi d’Illyrie, Elysée Mérault. »