Page:Crémieux et Tréfeu, Geneviève de Brabant (1867).djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PITOU.

Je n’vous dirai pas, sergent, mais aussitôt que je ne suis plus de service, je cueille une baguette… c’est plus fort que moi…

GRABUGE.

C’est s’traordinaire ceci… lorsque j’étais simple fusilier, moi aussi, je cueillais toujours des baguettes pour les ratisser avec mon couteau et je n’ai jamais su pourquoi… depuis que je suis sergent je n’en cueille plus… pourquoi ? je n’en sais pas davantage… mystère.

PITOU, qui a ratissé sa baguette, chantant encore.

Lebewohl vergissmenicht, oh ! oh ! oh !

GRABUGE.

Ferme ton couteau et avance à l’ordre…

PITOU.

Voilà !…

GRABUGE.

Tu penses bien que nous ne sommes pas venus ici uniquement pour ratisser des baguettes et prendre le frais !

PITOU.

Non, sergent, d’autant qu’il y fait une chaleur hydropicale.

GRABUGE.

Nous sommes ici pour attendre M. le conseiller aulique Golo… Pourquoi que vous riez, Pitou ?

PITOU.

Je ris… cause que c’est un drôle de nom, Golo !… alors je ris… Golo…

GRABUGE.

Tant que vous vous appellerez Pitou… faudra pas vous fich’ du nom des autres… Je reprends, nous l’attendons pour une entreprise philanthropique, il s’agit de faire passer le goût du pain à une particulière qui ne mange que de la brioche…

PITOU.

Ho ! ho !

GRABUGE.

Il paraît que c’est une femme criminelle.