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au duc, je l’entretiens dans un doux état d’abrutissement, je lui fais passer ses jours et ses nuits à donner des signatures ou à apprendre ces harangues qu’il récite si bien. Et c’est ainsi que doucement porté par le flot, je poursuis mon plan politique qui se résume en ces mots fort simples : monter, monter toujours, me cramponner, souffler un brin, et monter encore jusqu’au sommet !

NARCISSE.
Pourvu qu’en ce moment
Il n’aille pas vous prendre un éblouissement !
On entend crier le peuple.
GOLO.

Quels sont ces cris ? entrons là, je ne dois pas le quitter d’une semelle, mon margrave… Il me ferait une bêtise !


Scène VIII

GOLO, VANDERPROUT, puis DROGAN.
VANDERPROUT, rayonnant, la serviette au cou.

Victoire ! victoire !

GOLO.

Qu’avez-vous donc, bourgmestre ? êtes-vous gris ? Vous êtes tout rouge !

VANDERPROUT.

C’est de joie !… il en a mangé !…

GOLO.

Qui ? quoi ?

VANDERPROUT.

Ah ! oui, au fait, vous ne savez pas, vous ? Drogan ! Drogan !

DROGAN, accourant avec ses pâtissiers.

Qu’y a-t-il, monsieur le bourgmestre ?

VANDERPROUT.

Il en a mangé ! ils en ont mangé ! Nous en avons tous mangé, il n’en reste plus !