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ACTE TROISIÈME

Les jardins du château de la Baguenaudière. Au fond, un kiosque.



Scène PREMIÈRE.

LA BAGUENAUDIÈRE. La scène est vide. La Baguenaudière entrant, essoufflé.

Je viens de commettre un acte effrayant d’audace. Je trompe la noblesse du Maine et de l’Anjou. Je trompe le grand gobeletier lui-même, le parrain de Léonore… C’est épouvantable, mais c’est ingénieux… Tous mes invités étaient là, qui arrivaient… qui arrivaient… Il fallait sauver l’honneur des La Baguenaudière. J’ai fait venir le chef des comédiens. Je lui ai dit, sans trop me compromettre, que, pour des raisons qui… qu’enfin, par de certains motifs, ma pupille n’étant pas arrivée… que la noblesse, le grand gobeletier, ne pouvaient attendre… et qu’il fallait me tirer de là ! Il a eu une idée gigantesque. Ma pupille n’est jamais venue ici, son parrain lui-même ne la connaît pas ! Un ou deux invités au plus, peut-être, l’ont vue, mais bien jeune ! Et, d’ailleurs, avec un voile épais, toutes les mariées se ressemblent. Bref, il se charge de faire figurer la mariée par une personne sûre, une personne de la troupe. Dame ! c’est épouvantable, mais c’est ingénieux. Ah ! le voici !


Scène II.

LA BAGUENAUDIERE, LA RESSOURCE.
LA RESSOURCE.

Ah ! monsieur le baron… admirable… admirable !…

LA BAGUENAUDIERE.

Ah ! vous avez pu ?

LA RESSOURCE.

Le meilleure comédienne de la troupe… une femme qui connaît son métier… (A part.) C’est la Caverne, et pour qu’elle joue mieux son rôle, je lui ai dit qu’on avait retrouvé sa famille. Elle croit qu’elle est la pupille du baron !… Elle s’est trouvée mal de joie.