Scène XI.
C’est moi !… Figurez-vous que les camarades…
Qu’est-ce que vous avez fait de vos moustaches ?
Ils me les ont coupées, parce qu’il parait qu’un comédien ne doit pas en avoir ; et puis ils m’ont coiffé d’un bonnet de coton ; et puis ils ont pris des chandelles, il ont dansé autour de moi, en chantant : Bonsoir, Ragotin !… et puis, et puis, ils m’ont laissé tout seul. Alors je suis rentré à l’auberge ; il y a une heure que je cours dans les corridors, et puis voilà.
Cet homme a toujours ses magnifiques bottes ! des bottes neuves ! Comme on doit se sauver avec ça ! Si je pouvais lui prendre non-seulement ses… mais encore ses… Quelle idée ! (Haut.) Monsieur le marquis, je serais trop honoré si vous vouliez accepter la moitié de mon lit.
Quoi ! vous consentiriez ?
Comment donc !… Prenez l’oreiller qui est dans le coin.
Ma foi, ce n’est pas de refus. (Il ôte son pourpoint.) Ce petit vin de Roquefinette, ces chansons, ce changement d’existence : tout cela m’a brisé… (Il fait mine de se coucher.)
Est-ce qu’il va coucher avec ses bottes ? (Haut.) Monsieur le marquis, vos bottes !
C’est juste ! (Ils les ôte, et va les mettre dans un coin.)
Elles sont à moi.., je les vois là-bas ! Elles brillent comme un phare. (Haut.) Monsieur le marquis !
Ne m’appelez donc pas monsieur le marquis ! Entre nous, appelez-moi donc tout simplement monseigneur.
Monseigneur préfère-t-il la ruelle ?
Où prenez-vous la ruelle ?