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L’AUBÉPIN, de même.

Il faut se méfier avec ces gens-là ; ils savent revêtir tous les costumes. Ça ne ressemble pas du tout à une femme… Si c’était un homme déguisé ! Mon homme, peut-être ! Ça en a tout à fait l’air. (Saluant de nouveau.) Madame… madame… (A part.) Elle ne répond pas au féminin.

LA CAVERNE, se retournant.

Un sergent ! c’est le ciel qui me l’envoie… Je tiens ma vengeance !… Sergent !…

L’AUBÉPIN, à part.

Cette démarche… Oh ! quelle idée !… Je vais bien me convaincre. (Il se met en garde, et de la main pousse une botte à la Caverne. Celle-ci tombe en garde rapidement et pare tous les coups.)

LA CAVERNE, à part.

Qu’est-ce qui lui prend ?… Mais je fais des armes aussi… moi !

L’AUBÉPIN, à part.

Comme elle tombe en garde !… C’est un homme… c’est un homme ! (Il pousse une seconde botte à la Caverne, qui la pare, et qui, à son tour, lui en envoie une qui l’atteint en pleine poitrine.)

LA CAVERNE.

Touché !

L’AUBÉPIN.

Suprême indice ! c’est un homme ! Bien tiré… mon gentilhomme.

LA CAVERNE.

Mon gentilhomme !

L’AUBÉPIN.

Est-ce avec cette botte-là que vous avez tué le baron des Trente-Six Tourelles ?

LA CAVERNE.

En duel, n’est-ce pas ?

L’AUBÉPIN.

Vous savez donc qu’il y a eu un duel ?

LA CAVERNE.

Oui, je le sais.

L’AUBÉPIN.

Parbleu ! je le crois bien… Eh bien, au nom du roi, je vous arrête.

LA CAVERNE.

Moi ?

L’AUBÉPIN.

Voilà l’ordre et le signalement… Comte Gaston de Charmelles… vingt ans… Vous paraissez davantage… mais ça ne fait rien, c’est votre déguisement qui vous vieillit !…

LA CAVERNE.

Comment, mon déguisement ?