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LA CAVERNE.
- C’est que ?…
DESTIN.
- Comment lui dire ?
LA CAVERNE.
- Eh bien ?
DESTIN.
- Eh bien, écoute un fabliau très-vieux,
- Dont le bon sens merveilleux
- Est tout à fait propre à t’instruire :
I
- L’Automne, un jour, dit à l’Été :
- « Pourquoi fuir quand j’arrive ?
- Est-ce donc pour l’éternité
- Qu’il faut qu’on se poursuive ?
- Nous pourrions bien, en vérité,
- Changer cela. Que vous en semble ?
- Je crois que l’Automne et l’Été
- Pourraient fort bien s’entendre ensemble. »
II
- L’Été lui dit : « Nous n’avons pas
- Les mêmes goûts, madame.
- Votre brouillard et vos frimas
- Refroidiraient ma flamme.
- Laissez-moi vivre avec Printemps ;
- Son âme à la mienne ressemble.
- Le bonhomme Hiver vous attend,
- Vous vous entendrez mieux ensemble. »
LA CAVERNE.
- Quoi, l’Hiver ?
DESTIN.
- Oui l’Hiver.
LA CAVERNE, à part.
- C’est bien clair.
DESTIN.
- Avec l’Automne doit s’entendre.
LA CAVERNE.
- Je ne puis plus ne pas comprendre.
ENSEMBLE.
LA CAVERNE.
- Ah ! crains ma colère !
- A nous deux la guerre !
- Autant je t’aimais,
- Autant je te hais !
DESTIN.
- La bonne colère
- Et la bonne guerre !
- Quel emportement
- Quel air effrayant !