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L’OLIVE.

Monsieur est malade ?

LA RAGOTINIÈRE.

Oui.

ANGÉLIQUE.

Est-ce la tête ?

LA RAGOTINIÈRE.

Non !

MARINETTE.

L’estomac, peut-être ?

LA RAGOTINIÈRE.

Non, c’est le cœur.

TOUS LES COMÉDIENS, rangés autour de La Ragotinière.

Ah ! c’est le cœur.

LA RANCUNE.

Il faut se secouer dans ces crises-là, et ne pas rester seul avec sa douleur. Ah ! voilà ! c’est que vous restez seul avec votre douleur.

LA RAGOTINIÈRE.

Je la promène depuis huit jours.

LA RANCUNE.

Elle doit être bien fatiguée… Venez donc l’asseoir à notre table.

LA RAGOTINIÈRE.

Non, il y a des femmes à votre table.

LA RANCUNE.

Ce sont de bons garçons !

LA RAGOTINIÈRE.

J’ai juré de fuir la société des femmes jusqu’à ce que je l’aie retrouvée.

TOUS.

Qui ça ?

LA RAGOTINIÈRE.

Celle que j’aime.

L’OLIVE.

Vous avez perdu celle que vous aimez.

DESTIN.

Elle s’est enfuie ?

LA RAGOTINIÈRE.

Non pas, elle a été enlevée.

DESTIN, à l’Étoile, à part.

Enlevée !

LA CAVERNE, qui les regarde, à part.

Qu’ont-ils donc ?

LA RANCUNE.

Il y a longtemps de cela ?