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Scène VIII.

DESTIN, LA RANCUNE.
LA RANCUNE, regardant Destin.

Je le trouve superbe avec son : Nous allons explorer un autre quartier ! Holà du cabaret ! une bouteille, deux verres et des dés. (On apporte sur une table, devant l’auberge, ce que la Rancune a demandé.) Je m’en vais explorer le fond de mon verre.

Car là, tout s’éclaircit, tout est pur et sans voile, Qui sait ? je vais peut-être y retrouver l’Étoile.

DESTIN.

Il s’agit bien de cette mijaurée ; j’ai voulu te retenir ici, rien de plus.

LA RANCUNE.

Pour me dire ?…

DESTIN.

Pour te dire que je suis perdu !

LA RANCUNE.

Perdu ! vous, Gaston ?

DESTIN.

Oui, ce secret que je t’avais confié, ce duel au sujet d’une femme que j’aime et qu’un insolent avait osé…

LA RANCUNE.

Oui, je sais, et vous l’avez bravement…

DESTIN.

Eh bien, la mort de mon adversaire, tout est découvert, et les archers de la prévôté sont à mes trousses.

LA RANCUNE.

Qui vous a appris cela ?

DESTIN.

Notre aubergiste, qui m’a conté la chose tout à l’heure, sans savoir à qui il la contait !

LA RANCUNE.

Qu’allez-vous faire ?

DESTIN.

Il faut avant tout que je quitte cette auberge.

LA RANCUNE.

Parce que ?

DESTIN.

Parce qu’elle est le rendez-vous ? (Lui montrant la rue à droite.) de ces archers que tu vois venir sous la conduite d’un certain l’Aubépin, qui a ordre de m’arrêter. Partons !