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trop ! Et puis, il y a d’autres jours où c’est mélangé !… Cependant, voyons un peu ce que devient ce brave Cornarino… (Se fouillant.) Ah ! je regrette bien de ne pas avoir apporté mes jumelles… (Il va à la table, prend le rouleau qu’on lui a apporté au commencement du tableau et s’en sert comme d’une lorgnette.) Ah ! ceci… cette lettre de Paolo Broggino.

PAILLUMIDO.

Vous auriez dû la lire depuis longtemps.

LE CHEF DES DIX.

C’est juste. Mais venez donc voir… Ah ! je vois très-bien… Cornarino s’avance… Baptiste est plus grand, il se voit mieux… Ah ! ciel ! que vois-je !…

TOUS, redescendant.

Qu’est-ce que c’est ?…

LE CHEF DES DIX, regardant dans la lettre.

Arrêtez !… arrêtez !… il est vainqueur !…

MALATROMBA.

Comment, il est vainqueur ?

LE CHEF DES DIX, ayant toujours le rouleau devant les yeux.

Oui, vainqueur ; il a battu les Matalosses.

MALATROMBA.

Où voyez-vous ça ?

LE CHEF DES DIX, montrant la lettre.

Là ! là !… dans cette lettre de Paolo Broggino.

MALATROMBA.

Comment ?

LE CHEF DES DIX.

Oui, dans cette lettre que j’aurais dû lire depuis si longtemps. (Il met la rouleau devant les yeux de Malatromba.) Tenez, lisez ! — « La fuite de Cornarino, ruse de guerre ! » — Tournez ! — « Admirable manœuvre qui a trompé les Matalosses ! » — Tournez ! — « Fausse retraite ! victoire complète ! » — Et il ne le disait pas ! quelle modestie !…

TOUS.

C’est admirable !

LE CHEF DES DIX.

Courons le sauver et le saluer, s’il en est temps encore.