L’arrêt, l’arrêt, d’abord !
Enfin je la lirai après. (À Cornarino.) Cornarino, vous vous êtes laissé battre honteusement, et puisque vous n’êtes pas mort vous allez être pendu.
Pendu !
Quelle position pour monsieur !
La même faveur est réservée à votre écuyer Baptiste. Une chose doit vous consoler, Cornarino, c’est que en même temps que nous vous condamnâmes dans la ruelle des délibérations, nous nommâmes dans la même ruelle, pour vous remplacer dans le dogat, votre féal cousin et ami, Fabiano Fabiani Malatromba. Comme ça, ça ne sortira pas de la famille ? Vive le doge Malatromba !
Vive Malatromba !
Et maintenant qu’on fasse entrer les invités. (Entrent quatre gardes qui viennent chercher les condamnés.)
On vous attend, cher ami, vous ne m’en voulez pas ; il y a des exigences, vous savez !
L’instinct ne trompe jamais, j’avais toujours eu pour la mort une grande répugnance. Allons, viens, Baptiste.
Je vous suis, monsieur, mais sans enthousiasme.
Le ciel ait pitié de mon âme.
Et de l’âme à Baptiste aussi.
Adieu ! adieu ! Mon Dieu ! j’aimais pourtant bien la vie ! Le vie c’est encore ce que nous avons de meilleur en ce monde.