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Cornarino.

    Mon épouse fidèle
    Nous reconnaîtra-t-elle !
Avec ce bandeau sur les yeux ?

Baptiste.

    Essayons à mi-voix
La barcarole d’autrefois !…

Cornarino et Baptiste décrochent deux guitares suspendues à la muraille.

[1] Cornarino.

Dans Venise la belle
    Que cherchons-nous ?

Baptiste.

Une épouse fidèle
    À son époux !

Ensemble.

    Tra la la la la,
Dans Venise la belle !

Baptiste.

Hélas ! rien ne remue

Cornarino.

Elle est sourde à ma voix !

Baptiste.

À cette voix émue

Cornarino.

Qu’elle aimait autrefois.

Ô mon fidèle Baptiste,
C’est une chose bien triste
Pour un doge de mon rang,
De rentrer dans sa patrie,
Près de sa femme chérie,
Sous l’habit d’un mendiant.

Baptiste.

Mieux vaut ainsi rentrer, hélas !
Monsieur, que de n’y rentrer pas !

Reprise ensemble.

    Dans Venise…
        Etc., etc.

Cornarino.

Rien !

Baptiste.

Rien !

  1. Cornarino, Baptiste.