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Baptiste.

Qu’allez-vous faire, monsieur ?

Cornarino.

La nouvelle de notre désastre n’est pas encore parvenue jusqu’ici… je ne suis pas surveillé… je puis entrer avant cet homme, enlever ma femme, fuir avec elle… que sais-je ?… mais, au moins, sauver mon honneur !… Suis-moi.

Baptiste.

Monsieur, monsieur, quelle déplorable idée.

Cornarino.

Suis-moi, te dis-je ! (Le jour est venu pendant la scène. Au moment où ils vont entrer, ils sont repoussés par une troupe d’hommes du peuple qui entrent en criant ; Cascadetto est au milieu d’eux.)



Scène VI

Les Mêmes, CASCADETTO, Gens du peuple.
Tous.

À bas Cornarino !

Cascadetto.

Silence ! silence ! et oyez tous l’histoire mélancolique et véridique de l’animal Cornarino Cornarini. (Cornarino et Baptiste s’arrêtent.) Le récit de sa défaite, de sa fuite honteuse, de sa condamnation à mort par le Conseil des Dix, de la promesse de vingt mille sequins à qui le tuera et rapportera au Conseil : 1o l’anneau ; 2o les éperons de l’amiral. (Cornarino est tombé à moitié évanoui dans les bras de Baptiste.) Et, maintenant, voulez-vous entendre la complainte que j’ai composée sur le sujet ?

Tous.

Oui, Oui !…

Baptiste, bas.

Partons, monsieur… il n’est que temps !

Cornarino, bas.

Non, j’entendrai sa complainte.

Baptiste, bas.

Ah ! monsieur… quand donc serez-vous raisonnable ?

Cascadetto.

En avant la musique !…