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Baptiste, à Cornarino.

Vous pouvez dire bravi ! ils sont plusieurs !

Malatromba.

Quand on est membre du Conseil des Dix, en l’an de grâce treize cent vingt et un, et quand on aime la femme de son ami absent, voilà comment on se débarrasse de ses rivaux !…

Catarina, à Malatromba.

Misérable !… C’est ainsi que tu crois vaincre ma résistance ! Crois-tu donc que c’est en marchant sur des cadavres que tu arriveras jusqu’au cœur de Catarina !… Je te hais !… Lâche !

Baptiste, à part.

Très-bien !… Très-bien !… Très-bien !…

Malatromba.

Je connais votre opinion sur moi !… Et si je suis venu vous chanter cette barcarolle, c’est une pure concession à la couleur locale…, mais rien ne me coûtera pour me venger de vos froideurs !… J’ai maintenant un otage entre les mains… Dans une heure, j’aurai l’honneur de me présenter à votre boudoir olive… et c’est en grande partie de votre tenue à mon égard que dépendra la vie de ce gentilhomme !

Catarina.

Lâche !… lâche encore !

Malatromba.

Jamais… Ne le lâchez pas, qu’on l’entraîne et que les sombres Plombs de Venise se referment sur lui ! Allez !…

Catarina.

Amoroso !

Amoroso.

Catarina ! (On entraîne Amoroso.)

Malatromba.

Tremble, femme, tremble de pousser à bout un homme qu’on appelle avec effroi dans la lagune, le gonfalonnier Fabiano Fabiani Malatromba.

Cornarino, à part.

Fabiano Fabiani Malatromba !… mon cousin par alliance.

Baptiste, à part.

Horreur !…

Malatromba.

Hein !… Quoi ?… On a parlé.

Cornarino, à Baptiste.

À bas !… à bas !… et ronfle ! (Tous deux se couchent par terre.)