Page:Crémieux et Halévy - La Chanson de Fortunio, 1868.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LAURETTE.

Mais, restez si cela vous plaît. D’ailleurs, comment sortiriez-vous ? nous sommes enfermés.

VALENTIN, à part.

Oh ! je n’oserai jamais. (Il fait un mouvement comme pour se retirer.)

LAURETTE.

Vous rentrez, vous allez travailler ?

VALENTIN.

Vous me l’ordonnez.

LAURETTE.

Mais je n’ai pas d’ordre à vous donner. Singulier enfant ! Vous avez l’air agité, monsieur Valentin, vous êtes pâle, et je remarque que depuis quelque temps vous paraissez triste.

VALENTIN.

Oh ! je le suis, madame.

LAURETTE.

Est-ce un chagrin sérieux ?… Il n’en est pas à votre âge… Vous ne me répondez pas… Ah ! je devine !…

VALENTIN, à part.

Elle a compris… je suis perdu !

LAURETTE.

Un gros chagrin d’amoureux ! Est-ce bien cela ?…

VALENTIN.

Je ne sais pas, madame.

LAURETTE.

Pourquoi vous en défendre ? ce n’est pas un crime… tenez, pour tromper les ennuis de notre captivité, voulez-vous me conter votre petit roman ? Je vous donnerai peut-être un bon conseil, venez-vous asseoir près de moi…

VALENTIN, à part.

Allons, du courage, il faut parler. (Haut.) Oui, madame ! vous êtes bien bonne.