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––––––Verse, Babet, verse toujours
––––––La belle eau claire, mes amours !
––––––––––La belle eau claire
––––––––––De la rivière !
––––––Verse, Babet, verse toujours !
TOUS.
––––––Verse Babet, verse toujours,
–––––––Etc., etc.
LANDRY.

Tout cela est très-joli ! mais un petit doigt de vin ne temps en temps ne gâterait rien.

BABET.

Taisez-vous, petit débauché !

GUILLAUME.

Landry a raison : le vin vieux a du bon. Il est vrai que nous ne sommes pas comme Valentin des êtres poétiques, vivant de rêverie et de mélancolie.

VALENTIN.

Que veux-tu dire ?

GUILLAUME.

Je veux dire, mon pauvre camarade, que tu nous montres, depuis six mois bientôt, la mine ténébreuse d’un amoureux transi. Tu ne parles plus, tu ne ris plus, tu n’es plus de nos parties du dimanche… Voyons, combien y a-t-il de temps que tu n’as brisé une lanterne ou dévissé un marteau de porte à minuit, en rentrant par les rues ?

VALENTIN.

Cela ne m’amuse plus…

GUILLAUME.

Ça devrait t’amuser : ce sont plaisirs de ton âge… Mais veux-tu que je te dise ton fait ?… tu as le cœur pris, tu aimes et tu n’es pas aimé…