Page:Crémieux et Blum, La Jolie Parfumeuse.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA COCARDIÈRE.

Une commission… si vous voulez… J’ai à vous donner quelques instructions touchant la fin de ce beau jour.

ROSE.

Ah !… Je vous écoute, mon parrain.

LA COCARDIÈRE, la fait asseoir solennellement, et s’asseoit à côté d’elle.

Le mariage, mon enfant, est comme une montagne escarpée, et même… escarpée, je dis bien… Au fur et à mesure qu’on la gravit, on aperçoit des horizons nouveaux… À l’heure où j’écris ces lignes, vous êtes à deux doigts du sommet où je suis chargé de vous conduire. — Hum ! — Tout à l’heure, Rose, votre époux va venir, peut-être commencera-t-il pour vous demander un baiser comme ceci. (Il l’embrasse. — À part.) Si Richelieu me voyait, il crèverait de jalousie ! (Haut.) C’est bien, vous n’avez pas résisté, c’est justement ce que je voulais vous apprendre. Ce soir, voyez-vous, vous ne devez vous étonner de rien… Confiance et soumission… voilà votre devise… Votre époux vous dirait qu’il va vous couper en petits, petits morceaux ; qu’il faudrait aller à la cuisine repasser vous-même le couteau…

ROSE.

À la cuisine ?

LA COCARDIÈRE.

C’est une image ! Peut-être vous redemandera-t-il un second baiser, comme ceci… (Il va pour l’embrasser.)

ROSE, l’arrêtant.

Je comprends sans les gestes, parrain.

LA COCARDIÈRE.

Puis… et ce sera comme par accident : tout d’un coup la bougie s’éteindra… et (il essaie de souffler les bougies qui sont sur la cheminée.)

ROSE, (l’arrêtant).

Inutile, parrain ! Je sais très-bien comment on est quand on est sans lumière.