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––––––Son cœur, sa voix restaient en ch’min.
––––––Et pour lui dire : « Je t’aim’, » bernique !
––––––––Mais dès qu’il lui tournait l’dos,
––––––––L’aplomb r’venait à la p’tite,
––––––––Javott’ retrouvait ses mots,
––––––––Sa langue se déliait tout d’suite :
–––––––––« Mon p’tit Mathurin,
–––––––––Tu vois ben que j’t’aime,
–––––––––Aid’ moi donc un brin,
–––––––––Et dis-le toi-même. »

(Elle s’approche peu à peu de Georges qui feint toujours de dormir.)

II
––––––Quand ils allaient tous deux au pré,
––––––Le soleil dorait moins la plaine
––––––Que les beaux yeux d’son adoré,
––––––Et Javotte parlait à peine.
–––––––Mais Mathurin s’endormait
–––––––Une heur’ après sur un’ botte,
–––––––Et dès qu’son œil se fermait :
–––––––« Oh, là là ! disait Javotte,

(Elle tombe aux genoux de Georges.)

–––––––––Mon p’tit Mathurin.
–––––––––Tu vois ben que j’t’aime,
–––––––––Aid’ moi donc un brin
–––––––––Et dis-le toi-même. »
GEORGES, feignant de s’éveiller, prend Bagatelle dans ses bras.
––––––Oh ! Bagatelle, Bagatelle,
––––––Tout s’éclaire à mes yeux charmés,
––––––J’ai compris votre ritournelle,
––––––Vous voyez bien que vous m’aimez !
BAGATELLE, riant.
––––Ah ! ah ! ah ! vous êtes trop naïf ; vraiment,
––––Vous avez mal compris.

(Jour.)

GEORGES.
––––Vous avez mal compris. Comment ? comment ?
BAGATELLE.
––––––C’est ma nouvelle chansonnette
––––––Dont je voulais juger l’effet ;